Ingénieur en Agroalimentaire
Chasseuse de trésors naturels et partenaire de confiance, le métier d’acheteur ou de sourceur en huiles essentielles est avant tout un métier de passion. Une huile essentielle est directement issue de la nature, avec l’intervention des alchimistes d’aujourd’hui que sont les distillateurs avec lesquels je travaille depuis plusieurs années. C’est ce lien entre la nature et les hommes au quotidien qui correspond à mes valeurs.
Cycles de la nature et écoute des hommes
On n’obtient pas une huile essentielle en pressant le bouton « marche » sur une ligne de production industrielle ou chimique. Il faut tout d’abord attendre… Attendre la meilleure saison pour la récolte. Savoir échanger avec le cultivateur qui, mieux que quiconque, saura estimer les conditions et toutes les caractéristiques de la plante, chaque année différentes. Cette saisonnalité est parfois considérée comme une contrainte mais c’est aussi un lien très fort à la nature qui nous offre cette diversité de plantes et les trésors d’efficacité dont elle peut regorger.
La qualité biologique : au meilleur prix…mais au prix d’efforts !
Privilégier la culture biologique, c’est une manière simple et claire de respecter les cycles de la nature en tous points. Pour une acheteuse, c’est aussi une contrainte supplémentaire dans la chaîne d’approvisionnement. Pour moi c’est évident, la recherche de cohérence entre l’agriculture et la matière première porte un nom : c’est celui de la qualité biologique. Cette qualité biologique est obtenue au prix d’efforts constants, d’un mélange contrôle des huiles essentielles et de confiance avec les distillateurs-partenaires. Le plus surprenant peut-être c’est que souvent, cette qualité supérieure ne coûte même pas plus cher pour qui sait bien choisir ! Reste à sélectionner la bonne huile essentielle. Là aussi est le défi…
Entre le savoir théorique et le savoir pratique.
Il est, avant toute chose, important de savoir quelle plante on recherche. Une simple camomille ? Oui mais laquelle… Camomille matricaire (Matricaria chamomilla), plante annuelle, que l’on trouve partout en Europe jusqu’en Asie. Camommille romaine (Chamaemelum noile) , astéracée également, mais vivace et que l’on cultive tout particulièrement dans l’Ouest de la France. Camomille bleue (Tanacetum annuum), aussi appelée Tanaisie, cette plante astéracée est plutôt caractéristique du Maroc. On peut enfin trouver la camomille sauvage (Ormenis multicaulis) qui elle, pousse au Maroc. Ces plantes, bien que cousines, sont issues de variétés botaniques différentes. Dès lors, leurs huiles essentielles présentent des compositions radicalement différentes. Le monde des huiles essentielles est ouvert, il est complexe mais cette complexité fait toute sa richesse. Et le vocabulaire n’est qu’un tout premier pas…
Planète, terre et terroir.
C’est évident : la plante va exprimer très différemment son patrimoine selon l’endroit où on la récolte. La notion de pays d’origine, de terroir, est donc primordiale pour qui veut rechercher et utiliser des huiles essentielles. Il est de multiples exemples, ainsi une huile essentielle de cumin, aux propriétés digestives reconnues, et qui donnera des compositions différentes selon qu’on la cultive et qu’on la distille en Egypte, en Iran ou en Turquie.
De la même manière, pour une même plante, le terroir, le climat, vont permettre de révéler des ressources vraiment différentes. C’est ce qu’on appelle le chémotype et qui fait qu’un thym (Thymus vulgaris) pourra révéler davantage de thymol, de linalol ou de précieux thujanol après la distillation.
Trouver une huile essentielle requiert la prise en compte de tous ces paramètres et de bons partenaires. Les producteurs, les distillateurs ont en commun cette passion de la plante, de la nature et l’échange régulier avec eux permet de rester au plus proche des terres cultivées et des alambics.
La fraîcheur : un gage de qualité souvent négligé.
Il est primordial pour nous d’acheter des huiles essentielles issues de plantes fraiches qui seront la plupart du temps distillées sur le lieu de la récolte. Cela nous permet la meilleure qualité d’huile essentielle, sans dégradation des qualités de la plante par un séchage ou un transport.
Cette fraîcheur n’exclut pas des temps de latence volontaire entre la coupe et la distillation : un savoir-faire traditionnel. C’est notamment le cas de la lavande fine et de la lavande altitude. Deux méthodes coexistent : la méthode traditionnelle et une méthode moderne qui met le rendement au dessus de la qualité. Nous en privilégions une seule, la méthode traditionnelle par conviction et pour la défense de la qualité.
La méthode traditionnelle dite du « préfanage » s’oppose à la récolte en « vert broyé » : aussitôt cueillies, la fleur et la tige sont hachées à l’aide d’une ensileuse, elles sont placées directement dans une benne pour être distillées rapidement. Seule la méthode traditionnelle permet à l’essence de se concentrer dans des bottes qui passent une ou deux nuits dehors et perdre également leur excès d’eau. La qualité est incomparable !
Partenariat durable : un outil contre la fraude, une garantie pour la qualité.
Travailler dans la durée avec nos partenaire, c’est notre parti-pris de toujours. Les producteurs et les fournisseurs auprès de qui nous nous approvisionnons nous connaissent et savent l’importance que nous accordons à la confiance réciproque dans le partenariat commercial. C’est ce temps passé à travailler ensemble qui nous permet également d’anticiper au mieux les difficultés d’approvisionnement, voire les pénuries.
Notre choix est de travailler sur le long terme, et d’acheter au prix juste, pour le producteur et le client. Mais la confiance, et ce souci d’équité, ne nous dispense pas d’être en veille permanente et d’analyser de façon très poussée tous les lots qui nous sont soumis au laboratoire intégré.
Avec l’essor des huiles essentielles biologiques, la demande parfois beaucoup plus importante que l’offre, et des prix à l’achat parfois très élevés, il est de notre responsabilité de nous assurer que l’huile essentielle que nous allons proposer est parfaite : pure, intégrale, naturelle, sans aucune coupe qui soit. Combien d’huiles essentielles et d’huiles végétales sont de qualité médiocre ou sont issues de manipulations frauduleuses ! Je considère que mon expertise doit être la première garantie de qualité pour nos matières premières.